thomas belhom / R O C E P H I N E
Des affres de la vie nait la lumière. De la solitude survient le maquis solidaire. L’histoire d’un homme qui avance, qui trouve sa force à la fois dans les difficultés mais aussi dans le réconfort et l’appui que représentent les gens que l’on croise sur son chemin. Parmi ceux-là : Stuart Staples, qui chante sur le titre « A meaning shovelfull of promises », et qui invite Thomas Belhom à ouvrir les concerts de la tournée 2012 européenne des Tindersticks.
Rocéphine est la suite d’un périple initié par de nombreuses aventures, collectives (Calexico, Amor Belhom Duo, Tindersticks) ou en solo (les albums « Remedios » et « No Border »), à l’image de ce nouvel album qui laisse ici de coté les grands espaces pour proposer un voyage introspectif.
Rocéphine est plus que jamais une fresque, parfois dure, de la réalité. Une réalité qui semble simplement plus facile à affronter quand elle est contée par Thomas Belhom, dont la justesse a le don de rassurer, de faire prendre du recul sur ce qui nous entoure, nous touche ou nous effraie. Il nous propose un regard, une interprétation, parle de la richesse de l’existence pour en extraire le souffle, celui qui permet de ne pas sombrer quand la route semble incertaine.
L’intimité exacerbée dégagée par Rocéphine rappelle celle d’un »Rock Bottom » de Robert Wyatt, dont l’écriture s’est déroulée dans un contexte similaire. Quinze morceaux graves, sombres et oniriques constituent l’architecture de Rocéphine (nom de la substance à l’origine de sa guérison). On peut dès lors parler d’un album de la résurrection, explorant tour à tour: l’amitié (« A meaning shovelfull of promises » cité plus haut); la réalité d’une longue attente (« L’avancée en moi », « Temps allongé »); l’évènement croisé d’une naissance et d’une mort (« Dans ma maison », « Rue de l’espérance »).
Musicien-percussionniste unique, il peint aussi des paysages abstraits (« Ciel », « Champignon agréable »), et sa mélancolie ne l’empêche pas de trouver ici le soleil (« Excursion ») ou d’exprimer là sa rage (« Go TV!). Porté par un travail de composition et d’arrangement fouillé où chaque note, chaque détail et chaque mélodie tisse les fondations d’un univers bouleversé et mélancolique à l’extrême, il appartiendra à chacun d’enrichir l’écoute de Rocéphine par son propre vécu. Car si l’on a à faire au disque le plus personnel de Thomas Belhom, c’est également celui qui se nourrit le plus des autres et du monde qui les entoure.
S’il emprunte comme à son habitude aussi bien à la pop qu’au (post)rock en passant par le folk ou le blues, il est néanmoins compliqué de rattacher la musique de Thomas Belhom à un quelconque courant musical, celui-ci préférant proposer une oeuvre hybride mais toujours cohérente. Ainsi, dans la multitude d’influences que l’on peut discerner ici et là, Rocéphine s’ouvre facilement à l’auditeur tout en dévoilant progressivement sa richesse au fur et à mesure des écoutes.